2022 - Effacer les certitudes
Tout commence cet après-midi de juillet? Pourquoi faut-il que je tourne la bague de mise au point pour retrouver ce flou initial dans le viseur de l'appareil?
La netteté donnée n'apporte rien.
Je réalise alors qu'elle fige les mouvements et ôte aux lignes et lumières leur liberté impalpable.
En réalisant cette mise au point il me semble passer à côté de moments d'expressions, de sensations.
Je quitte le côté figuratif, défini, détaillé, pour laisser toute la place à mes vibrations, mon impression. Cette impression saisie d'un instant. Déjà souvenir.
Sommes nous entré dans la période du grand effacement?
Après des humains et des animaux, c'est au tour du monde végétal et de ses richesses d'être cantonné dans des espaces clos, des réserves.
Il me semble que notre «toujours plus» dévore sans mesure notre nature, végétale, animale, humaine.
A quel moment retrouverons nous assez de clairvoyance et de netteté?
Je préfère parler aux chênes, au frênes, aux noisetiers, jouer à cache-cache avec les écureuils, les geais, parfois les chevreuils, siffler avec un merle. Je préfère sentir les morilles, la bonne odeur de l'humus des sous-bois. Je préfère me baigner dans un torrent dont le murmure est ma musique.
Je préfère vous laisser deviner tout cela au travers de mon regard.
Je préfère emmener mes amis sur les sentiers du souvenir de demain.
Jean-Charles Bouillot - Avril 2022